mercredi 30 juin 2010

SWOMMB aux Eurockéennes de Belfort


Avec l'été, sa chaleur et ses orages débute la saison des festivals.
Cette année, SWOMMB a choisi de couvrir les Eurockéennes de Belfort 2010.
Un évènement qui, d'année en année, confirme sa réputation tout en se diversifiant et en donnant leur chance aux nouveaux artistes.
Vos serviteurs tenteront de vous restituer au mieux à travers des comptes-rendus les concerts au programme et les ambiances sur place par le biais de galeries photos.
Alors rendez-vous pour tout cela la semaine prochaine!

La programmation complète et toutes les infos pratiques ici

vendredi 25 juin 2010

DRAKE Thank Me Later

So Far Gone, sa quatrième mixtape sortie l'année dernière, nous avait déjà alerté au sujet de son talent. Le jeune canadien sortit ensuite (après une véritable foire d'empoigne qui aboutit en 2009 à sa signature sur Young Money) un premier EP officiel, So Far Gone EP, confirmant les espoirs placés en lui. Aux côtés de Kid Cudi, il symbolise une nouvelle génération d'artistes qui ont choisi de ne justement pas avoir à faire de choix entre hip-hop, r'n'b et electro, aussi doué et à l'aise quand ils rappent que lorsqu'ils chantent. Son premier album Thank Me Later vient de se placer directement en tête du Billboard à sa sortie.

Issu d'une famille de musiciens, Aubrey Drake Graham, jeune métisse ontarien né il y a 23 ans à Toronto, débute au préalable une carrière d'acteur dès 2001. Puis sa première mixtape sort en 2006, attirant alors l'attention de Lil' Wayne, et par la suite celle de nombreux artistes confirmés (dont Jay-Z, Kanye West ou Little Brothers), lui conférant un entourage impressionnant et consolidant une réputation grandissante.

Drake aspire aux mêmes ambitions que celles de la plupart de ses collègues américains, axées principalement autour de l'argent ("I'm 23 with a money tree" sur The Resistance) et du succès ("I want the money, the cars, the clothes, the hos I suppose, I just wanna be successful" sur Successful), mais moins sur le mode arrogant habituel qu'à travers un univers souvent sombre et infesté de spleen. Il décline un savant mélange d'assurance et de mélancolie, un désanchentement que résume assez bien le morceau d'ouverture avec Alicia Keys (Fireworks). Le style est aisément reconnaissable : beat ultra minimaliste accompagné de nappes de claviers, avec et sans auto-tune (The Resistance). Cette formule peut s'avérer irrésistible, comme sur l'énorme Over (premier extrait de Thank Me Later, à propos des opportunistes "I know way too many people here right now that I didn't know last year, who the fuck are y'all?"), sur Up All Night (tuerie avec la rappeuse du Queens Nicki Minaj), ou sur Light Up (et son beat ultra lourd que vient fracasser l'empereur Jay-Z). Mais le canadien se disperse aussi malheureusement un peu trop sur des morceaux r'n'b plus sirupeux, d'ailleurs les moins réussis de l'album (Shut It Down ou Karaoke).

L'état d'esprit de ce disque peut se rapprocher de celui du chef d'oeuvre controversé du fantasque Kanye West 808s And Heartbreak, même s'il ne s'agit pas ici de la catharsis d'un génie mégalomaniaque, mais simplement de désillusions d'une jeune artiste rencontrant un vif succès. Même si Thank Me Later se révèle inégal, Drake s'attardant parfois dans une posture de lover, sa sensibilité s'exprime pleinement lorsqu'il voyage habilement en équilibre entre sentiments et postures antagonistes.
Cédric B
7/10


Paru le 14/06/10
(Young Money/Cash Money/Universal Motown)

http://www.myspace.com/thisisdrake

Drake - Over from Burnocchio. Story. on Vimeo.


dimanche 20 juin 2010

JANELLE MONAE The ArchAndroid

Voici typiquement le genre de disque, surgit quasiment de nulle part, qui vient bousculer nos plannings de sorties. Irruption soudaine, régénérante et salvatrice. Au sujet de cette artiste américaine, on a peu d'informations. Janelle Monáe (Robinson de son vari nom) avait déjà sorti un premier album autoproduit (Metropolis, non-distribué) puis un EP (The Chase Suit). Lorsque débarque ce disque à la pochette tout droit sorti d'une bande-dessinée de SF, il devient crucial de s'y pencher de près.

De The ArchAndroid se dégage une ambition évidente, le disque s'inscrivant dans la lignée des concept-album, nombreux dans l'histoire de la musique noire-américaine (de Herbie Hancock à Outkast). Parrainée d'ailleurs par ces derniers (elle participe à la bande originale du film Idlewild, composée par Big Boi et André 3000) et signée par P. Diddy, la jeune américaine nous propose un opera-soul afro-futuriste narrant les aventures de son clone bionique qui a pour humble mission le sauvetage de l'humanité.

Entrecoupé d'interludes cinématographiques, le disque est d'un bout à l'autre truffé d'instrumentations riches et d'une diversité ahurissante. Gorgé de soul, de jazz, de folk, de rock et d'electro, la richesse des compositions se met de plus toujours au service de la voix de la diva. Celle-ci, insolente d'élasticité, parvient à briller dans chaque gamme investie sans jamais se perdre dans des vocalises superflues propres à nombre de ses consoeurs. Reine soul sur Locked Inside ou Oh, Maker (construit sur une base folk) et sur Neon Valley Street (qu'elle illumine littéralement), Janelle Monáe prend les rênes d'une magnifique ballade entre rêve en apesanteur et douceur sixties (Sir Greendown). Elle redouble également d'efficacité sur les morceaux plus énergiques, comme sur Cold War (tuerie uptempo entre Outkast et Gnarls Barkley) ou sur la pépite du disque, l'hymne doo-wop Faster, où elle se permet le luxe de ressusciter le défunt leader des Jackson's le temps d'un couplet inattendu. Une sélection qualitative d'invités vient enfin compléter l'oeuvre. Ainsi, le prince du spoken-word Saul Williams donne le change sur le taquin et enlevé Dance Or Die, Big Boi sur le très James Brown Tightrop et Kevin Barnes (Of Montreal) sur l'étrange mais original Make The Bus.

S'émancipant immédiatement d'une nu-soul stagnante, Janelle Monáe dessine ici au présent le futur de la soul et du r'n'b, en rendant également hommage à tout un pan de la musique noire-américaine. Sorti il y a un mois en France dans une discrétion incompréhensible, on souhaite à ce disque immense, sur lequel tous les morceaux s'enchainent avec une fluidité et une élégance rare, la reconnaissance qu'il mérite.
Cédric B
8/10




Paru le 17/05/10
(Bad Boy Records/Atlantic Records/WEA)

http://www.jmonae.com/
http://www.myspace.com/janellemonae

Chroniques à lire sur:
Esprits Critiques
Desoreillesdansbabylone

Deux morceaux de The ArchAndroid en écoute dans le lecteur (en bas de la liste)

lundi 14 juin 2010

UFFIE Sex Dreams And Denim Jeans

Ce premier long format de la parisienne d'adoption appartient à la catégorie de ceux que l'on n'attendait plus. La bad chick native de Miami, de son vrai nom Anna-Catherine Hartley, trash (ses poses et prestations scéniques) et glam (ses relations amoureuses avec Feadz puis André) à la fois, fut dès l'avènement de son hit Pop The Glock en 2006, l'étoile (filante?) de la galaxie Ed Banger (et son unique représentante féminine). Le label electro français qui, après avoir largement occupé le terrain artistique et médiatique, a aujourd'hui ralentit le rythme. L'album d'Uffie, qui ne constitue donc que le quatrième LP du label (après ceux de DJ Mehdi en 2006, Justice en 2007 et Krazy Baldhead en 2009) réunit la crème de la crème des producteurs electro made in France (Mr Oizo, Feadz, Mirwaïs et SebastiAn).

Trois singles déjà sortis précédemment apparaissent sur le tracklist de ce Sex Dreams And Denim Jeans. En premier lieu, on retrouve bien entendu l'inépuisable Pop The Glock, avec son cocktail d'electro hip-hop nappé d'auto-tune, qui n'a pas pris une seule ride. Le sincère First Love (2007), qui célébre les années 80, ainsi que MC's Can Kiss, single old-school hip-hop sorti en début d'année (avec ses samples de Roxanne Shanté et de Giorgio Moroder) sont également au programme. L'efficacité de ces singles, pourtant assez différents les uns des autres, n'est plus forcément à démontrer. Mais le passage au format long demeure une toute autre histoire. En réalité, on se trouve presque ici dans le même cas de figure que dans la majorité des albums de rap américain. Une dream-team de producteurs, quelques morceaux explosifs, mais aussi pas mal de remplissage. La présence de Pharell Williams en personne sur le nouveau single ADD SUV ne fait malheureusement qu'illusion. Pas un mauvais morceau, mais un peu trop d'auto-tune (on reconnaît à peine sa voix), et de calcul. Le poppy Give It Away glisse gentiment, Difficult agace simplement, tandis que l'adaptation du Rock'n'Roll de Lou Reed sur le titre éponyme de l'album se révèle peu inspirée, et que l'estampillé Mirwaïs 80's edition Illusion of Love nous laisse circonspect. La jeune femme aborde d'ailleurs pas mal le thème de l'amour sur ce disque, certainement inspirée par une existence déjà bien remplie pour son âge (elle n'aura que 23 ans cette année) et un récent statut de mère. Fort heureusement, plusieurs réussites viennent sur la seconde partie de l'album équilibrer l'ensemble. Deux morceaux introspectifs, produits par Mr Oizo laissent leur empreinte, le sombre Art Of Uff et le mélancolique Our Song. Deux autres titres produits par le brillant Feadz (qui lui a de plus écrit ou co-écrit la plupart des textes) viennent enfin nous rassurer : le retro hip-hop Brand New Car et le smooth Ricky, alors que le magicien Mirwaïs sort pour finir de sa manche l'enlevé et bondissant Hong Kong Garden (reprise electro du morceau de Siouxsie et hommage à la ville où Uffie a passé la majeure partie de son adolescence).

La déception est donc en partie au rendez-vous pour un disque attendu depuis quatre ans. Comme dans le sport, l'addition de talents individuels n'est pas toujours garante de la cohésion d'ensemble. On ne jettera pourtant la pierre à aucun des producteurs, car chacun tire son épingle du jeu à un moment donné sur cet album (surtout Feadz et Mr Oizo). Pas toujours convaincu par les titres de Mirwaïs, il semblerait que ce dernier ait néanmoins joué un grand rôle dans l'enregistrement et la motivation de la fantasque américaine, à tel point qu'un futur projet commun serait en gestation. A suivre donc, et même si un tri s'impose, ce Sex Dreams And Denim Jeans se déguste, avec modération (avec une mention spéciale pour l'originalité de la pochette, qui se range dans une poche en jean's siglée Uffie).
Cédric B
6/10


Sortie le 14/06/10
(Ed Banger Records/Because/WEA)

http://www.uffie.tv/
http://www.myspace.com/uffie

UFFIE - ADD SUV (feat . Pharrell Williams) HD from Uffie on Vimeo.



Deux morceaux de Sex Dreams And Denim Jeans à écouter dans le lecteur (en bas de la liste)

mercredi 9 juin 2010

TRENTEMØLLER Into The Great Wide Yonder

Le premier essai d'Anders Trentemøller paru en 2006, The Last Resort, plaça d'emblée le danois au rang de virtuose des musiques électroniques, tant ce chef-d'oeuvre inusable se révélait un des grands disques de la décennie écoulée. . Découvert comme DJ et producteur house, il compose une musique brassant techno minimale, electronica, ambiant, dub et cold-wave. Une compilation de remixes (The Trentemøller Chronicles) et un mini-live (Live In Concert EP) plus tard, il sort aujourd'hui son second album studio.

L'univers de Trentemøller ne se laisse pas forcément apprivoiser au premier contact. La richesse de ses morceaux nécessite plusieurs écoutes attentives (et de préférence sur une installation hi-fi digne de ce nom), qui plus est lorsque de nouveaux éléments marquant font, comme ici, leur apparition. The Mash And The Fury, qui débute sur des sonorités voisines de celles de Mark Bell pour évoluer, grandir et exploser dans un véritable orage sonore, nous éclaire au sujet de la première grande nouveauté du disque : les guitares. Le danois, qui possède une culture musicale plutôt orientée rock, les dissémine ici et là tout au long de ce Into the Great Wide Yonder. Menaçantes sur le morceau d'ouverture, elles célèbrent ensuite le plus souvent les heures de gloires de la surf-music et du western spaghetti, comme sur Past the Beginning of the End, sur lequel elles cohabitent amoureusement avec une guitare accoustique, avant de croiser la route des Cramps liftés par Alec Empire sur le métallique Silver Surfer, Ghost Rider Go!!. L'autre innovation essentielle de ce nouvel album provient de l'apport des voix. Grand fan de Hope Sandoval, le natif de Copenhague a convié sa compatriote Marie Fisker sur Sycamore Feeling qui constituent, avec Even Though You're With Another Girl, les titres vocaux les plus aboutis. Neverglade accueille Fyfe Dangerfeld (le chanteur de Guillemots), utilisé dans un contre-emploi, tandis que Ti ne convainc guère. Mais Trentemøller n'oublie pas pour autant ses premiers amours, avec un Shades of Marble d'une veine plus techno (et sublimé par les guitares) ou un Haxan rêveur et batailleur à la fois.

Ce second album studio pourra dérouter de prime abord, mais une écoute attentive ne décevra pas les nombreux admirateurs de cet artiste majeur des musiques électroniques (aux côtés de Pantha du Prince pour la richesse des sons ou de Massive Attack pour la profondeur des basses), qui compose, joue et arrange avec une précision et une minutie d'orfèvre. Si Into The Great Wide Yonder s'avère relativement différent de son prédécesseur, c'est précisement sur cette évolution que l'on s'attardera pour savourer ces nouvelles orchestrations électroniques.
Cédric B
7,5/10




Paru le 02/06/10
(In My Room/La Baleine)

http://www.anderstrentemoller.com/
http://www.myspace.com/trentemoeller

Chroniques à lire également sur:
chroniques electroniques
mowno

Deux morceaux de Into The Great Wide Yonder en écoute dans le lecteur (tout en bas)

dimanche 6 juin 2010

THE DRUMS S/t

Surfant sur la vague de la hype depuis le carton de leur irrésistible et addictif single estival Let's Go Surfing (paru sur leur EP Summertime sorti au début de l'hiver sur le label Moshi-Moshi, illustrant déjà l'ambivalence du groupe), le quatuor originaire de Floride et installé à Brooklyn (repéré par les renards de Kitsuné sur leur compilation Maison 8, et petits protégés d'Hedi Slimane qui les photographiait il y a quelques mois) passe désormais au long format, avec un premier album éponyme qui pourrait faire date.

Comment ne pas décevoir lorsque l'on place d'emblée la barre aussi haut, avec un classique instantané de pop californienne en guise de CV? The Drums a su trouver la réponse, en inscrivant sa pop sincère dans une démarche pérenne. Ces New-Yorkais d'adoption ont su déjouer le piège, bien décidés à ne pas se laisser enfermer dans une case «sunshine-pop 2.0», trop étroite à leur goût. La pop californienne des années soixante fait évidemment partie de leurs influences majeures, et des titres comme l'ensoleillé Skippin' Town ou le somptueux Book Of Stories viennent tout simplement valider cette évidence. Mais c'est autant dans le brouillard mancunien, la froideur cinglante de la new-wave et des sonorités made in Factory que ces jouvenceaux sont allés puiser leur inspiration, ressuscitant rythmiques martiales et autres basses tendues chères à Tony Wilson sur Me And The Moon ou Forever And Ever Amen. Et la combinaison pertinente de ses deux influences fortes conduit d'ailleurs à de belles réussites, comme le désanchanté Best Friends, l'émouvant Down By The Water (qui figurait déjà sur Summertime) ou le magnifique We Tried.

La musique de The Drums fait se rencontrer des univers qu'à la base tout opposait, réussissant la synthèse idéale entre la mélancolie des Smiths, l'implacable froideur de Joy Division et la surf-pop des Beach Boys. Leur pop témoigne autant des sentiments d'insouciance et d'avenir radieux (que peut véhiculer un certain idéal californien), que du revers de la médaille, à travers les désillusions et l'amertume de la vie. Un disque à apprécier quelle que soit la saison, dans la grisaille d'un soir d'été autant qu'un matin réchauffé par un soleil d'hiver.
Cédric B
8/10


(photo par Hedi Slimane)

Sortie prévue le 07/06/10
(Moshi-Moshi/Cooperative/Island Records)

http://thedrums.com/
http://www.myspace.com/thedrumsforever



Deux morceaux en écoute dans le lecteur (en bas de la liste)