vendredi 25 juin 2010

DRAKE Thank Me Later

So Far Gone, sa quatrième mixtape sortie l'année dernière, nous avait déjà alerté au sujet de son talent. Le jeune canadien sortit ensuite (après une véritable foire d'empoigne qui aboutit en 2009 à sa signature sur Young Money) un premier EP officiel, So Far Gone EP, confirmant les espoirs placés en lui. Aux côtés de Kid Cudi, il symbolise une nouvelle génération d'artistes qui ont choisi de ne justement pas avoir à faire de choix entre hip-hop, r'n'b et electro, aussi doué et à l'aise quand ils rappent que lorsqu'ils chantent. Son premier album Thank Me Later vient de se placer directement en tête du Billboard à sa sortie.

Issu d'une famille de musiciens, Aubrey Drake Graham, jeune métisse ontarien né il y a 23 ans à Toronto, débute au préalable une carrière d'acteur dès 2001. Puis sa première mixtape sort en 2006, attirant alors l'attention de Lil' Wayne, et par la suite celle de nombreux artistes confirmés (dont Jay-Z, Kanye West ou Little Brothers), lui conférant un entourage impressionnant et consolidant une réputation grandissante.

Drake aspire aux mêmes ambitions que celles de la plupart de ses collègues américains, axées principalement autour de l'argent ("I'm 23 with a money tree" sur The Resistance) et du succès ("I want the money, the cars, the clothes, the hos I suppose, I just wanna be successful" sur Successful), mais moins sur le mode arrogant habituel qu'à travers un univers souvent sombre et infesté de spleen. Il décline un savant mélange d'assurance et de mélancolie, un désanchentement que résume assez bien le morceau d'ouverture avec Alicia Keys (Fireworks). Le style est aisément reconnaissable : beat ultra minimaliste accompagné de nappes de claviers, avec et sans auto-tune (The Resistance). Cette formule peut s'avérer irrésistible, comme sur l'énorme Over (premier extrait de Thank Me Later, à propos des opportunistes "I know way too many people here right now that I didn't know last year, who the fuck are y'all?"), sur Up All Night (tuerie avec la rappeuse du Queens Nicki Minaj), ou sur Light Up (et son beat ultra lourd que vient fracasser l'empereur Jay-Z). Mais le canadien se disperse aussi malheureusement un peu trop sur des morceaux r'n'b plus sirupeux, d'ailleurs les moins réussis de l'album (Shut It Down ou Karaoke).

L'état d'esprit de ce disque peut se rapprocher de celui du chef d'oeuvre controversé du fantasque Kanye West 808s And Heartbreak, même s'il ne s'agit pas ici de la catharsis d'un génie mégalomaniaque, mais simplement de désillusions d'une jeune artiste rencontrant un vif succès. Même si Thank Me Later se révèle inégal, Drake s'attardant parfois dans une posture de lover, sa sensibilité s'exprime pleinement lorsqu'il voyage habilement en équilibre entre sentiments et postures antagonistes.
Cédric B
7/10


Paru le 14/06/10
(Young Money/Cash Money/Universal Motown)

http://www.myspace.com/thisisdrake

Drake - Over from Burnocchio. Story. on Vimeo.


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