Les deux membres de MGMT, Ben Goldwasser et Andrew VanWyngarden, icônes (malgré eux?) de la hype , ont pris le parti de casser leurs jouets, de renier quasiment tout ce qui avait fait leur gloire suite au succès planétaire de «Oracular Spectacular». Tandis que le débat fait rage et que la blogosphère s'agite dans tous les sens à ce sujet, le moment est venu d'étudier le cas épineux du second album du duo de Brooklyn, «Congratulations».
Alors que la pochette de leur premier album (ainsi que leur look) les avait propulsé modèles de coolitude, faisant d'eux les vitrines d'une tendance hippie-chic, celle du nouveau, pas franchement des plus réussies, semble rendre hommage au retro-gaming. Une volonté de brouiller les pistes d'emblée, le visuel choisi n'ayant que peu de rapport avec le psychédélisme ambiant.
Passée l'étape d'une première écoute forcément sceptique, on sent rapidemment qu'il se passe quelque chose. Est-ce le capital sympathie que l'on accorde au groupe (à peine érodé par des prestations scéniques pourtant plus que décevantes) qui nous pousse à creuser dans cette direction, à écouter et ré-écouter ce disque (en écoute intégrale ici), et ce malgré des premières réactions bien souvent négatives? Toujours est-il que le jeu semble en valoir la chandelle, eu égard au cheminement embrassé.
Cette volonté de faire table rase d'une insolente immédiateté pop (couplée à la qualité inouïe de la production de Dave Friedmann, présent ici uniquement au mixage puisque l'album est produit par Sonic Boom) illustre un choix artistique fort (mais pas forcément planifié). Le choix d'une accroche mélodique moins spectaculaire qu'insinueuse se profile dès «It's Working», qui évoque la pop 60's californienne (Beach Boys et The Mama's & The Papa's), tandis que c'est la pop britannique (on pense par moments aux Babyshambles) qui est convoquée sur «Song For Dan Treacy», en version plus musclée sur l'inapproprié de part son titre mais au demeurant sympathique «Brian Eno». «Someone's Missing» et son refrain qui éclot tardivement, pour finir noyé sous la réverb, précède le premier extrait de l'album, «Flash Delirium», morceau foutraque, glam et baroque organisant la rencontre entre David Bowie et Of Montreal.
«Siberian Breaks», long de ses douze minutes, part dans différentes directions, explorant des pistes intéressantes, sans toutefois posséder de réel fil conducteur, de cohésion mélodique d'ensemble. On comprend d'ailleurs mal ce choix, car le morceau eut tout aussi bien pu être divisé en trois ou quatre titres distincts. De son côté, «I Found A Whistle» rappelle par contre les morceaux moins inspirés du précédent album, tandis que «Lady Dada's Nightmare» annonce entre rêve et cauchemar la fin du voyage, l'équipage nous remerciant de les avoir choisi sur le titre éponyme.
Nous fûmes au préalable prévenus, les tubes rangés au placard, ce «Congratulations» est bien un disque qui s'appréhende dans son intégralité. Il célèbre une pop britannique qui serait pimentée par le psychédélisme des Flaming Lips. La démarche de MGMT est risquée mais plutôt courageuse et dénuée de passéisme, se révélant plus sincère que cynique. Et même si tout n'y est pas parfait, et que les kids risquent fort de devoir ranger leurs Wayfarer multicolores, on adhère volontiers à cette évolution, qui préfigure une carrière tout sauf éphémère.
Sortie prévue le 12/04/10
(Sony)
http://www.whoismgmt.com/fr/home
http://www.myspace.com/mgmt
Alors que la pochette de leur premier album (ainsi que leur look) les avait propulsé modèles de coolitude, faisant d'eux les vitrines d'une tendance hippie-chic, celle du nouveau, pas franchement des plus réussies, semble rendre hommage au retro-gaming. Une volonté de brouiller les pistes d'emblée, le visuel choisi n'ayant que peu de rapport avec le psychédélisme ambiant.
Passée l'étape d'une première écoute forcément sceptique, on sent rapidemment qu'il se passe quelque chose. Est-ce le capital sympathie que l'on accorde au groupe (à peine érodé par des prestations scéniques pourtant plus que décevantes) qui nous pousse à creuser dans cette direction, à écouter et ré-écouter ce disque (en écoute intégrale ici), et ce malgré des premières réactions bien souvent négatives? Toujours est-il que le jeu semble en valoir la chandelle, eu égard au cheminement embrassé.
Cette volonté de faire table rase d'une insolente immédiateté pop (couplée à la qualité inouïe de la production de Dave Friedmann, présent ici uniquement au mixage puisque l'album est produit par Sonic Boom) illustre un choix artistique fort (mais pas forcément planifié). Le choix d'une accroche mélodique moins spectaculaire qu'insinueuse se profile dès «It's Working», qui évoque la pop 60's californienne (Beach Boys et The Mama's & The Papa's), tandis que c'est la pop britannique (on pense par moments aux Babyshambles) qui est convoquée sur «Song For Dan Treacy», en version plus musclée sur l'inapproprié de part son titre mais au demeurant sympathique «Brian Eno». «Someone's Missing» et son refrain qui éclot tardivement, pour finir noyé sous la réverb, précède le premier extrait de l'album, «Flash Delirium», morceau foutraque, glam et baroque organisant la rencontre entre David Bowie et Of Montreal.
«Siberian Breaks», long de ses douze minutes, part dans différentes directions, explorant des pistes intéressantes, sans toutefois posséder de réel fil conducteur, de cohésion mélodique d'ensemble. On comprend d'ailleurs mal ce choix, car le morceau eut tout aussi bien pu être divisé en trois ou quatre titres distincts. De son côté, «I Found A Whistle» rappelle par contre les morceaux moins inspirés du précédent album, tandis que «Lady Dada's Nightmare» annonce entre rêve et cauchemar la fin du voyage, l'équipage nous remerciant de les avoir choisi sur le titre éponyme.
Nous fûmes au préalable prévenus, les tubes rangés au placard, ce «Congratulations» est bien un disque qui s'appréhende dans son intégralité. Il célèbre une pop britannique qui serait pimentée par le psychédélisme des Flaming Lips. La démarche de MGMT est risquée mais plutôt courageuse et dénuée de passéisme, se révélant plus sincère que cynique. Et même si tout n'y est pas parfait, et que les kids risquent fort de devoir ranger leurs Wayfarer multicolores, on adhère volontiers à cette évolution, qui préfigure une carrière tout sauf éphémère.
Cédric B
7,5/10Sortie prévue le 12/04/10
(Sony)
http://www.whoismgmt.com/fr/home
http://www.myspace.com/mgmt
Belle analyse de l'album. J'aimerai limite pousser encore plus la comparaison pour siberian breaks: n'y aurait-il pas un léger goût de Pink Floyd (atom heart mother en l'occurence). A méditer :-) en tout cas merci pour l'adresse (que je ne jetterai pas sur la voie publique) et en espérant voir prochainement la critique du magnifique "Total Life Forever" qui selon moi est au dessu de ce qu'on espérait... Blue Blood, Miami et Black Gold étant mes favorite pas cela n'engage bien entendu, que moi!
RépondreSupprimerPassé la première impression de déception, j'ai mis un peu de temps à l'apprivoiser ce deuxième album, mais il dévoile sa richesse au fur et à mesure des écoutes. Votre/ton excellent article pointe bien ses forces (production, structure complexe des morceaux, inspiration anglaise) et ses faiblesses (un peu inachevé et trop multi-référencé peut-être - OK sur l'influence de Pink Floyd et même période Syd Barrett. Et quoi qu'on en dise, vu la façon dont chacun s'écharpe à leur sujet(nouveaux génies rock ! petite baudruche indé !), je pense que c'est bien un des groupes les plus inspirants du moment et donc nullement destinés à rester un phénomène éphémère, loin de là, tu as raison :-)
RépondreSupprimer@Blake : merci, et c'est vrai qu'on sent un peu trop parfois qu'ils veulent partir dans tous les sens...
RépondreSupprimer@Matthieu : tu as raison pour Pink Floyd, et ne t'inquiète pas pour le nouveau Foals, il y aura bien sûr une chronique. Par contre, après une première écoute, je ne suis pas aussi enthousiaste que toi. A suivre...