Le producteur originaire de Los Angeles est de retour avec un troisième opus, après «1983» en 2006 et «Los Angeles» en 2008. Alors que l'on avait déjà pu apprécier sa griffe si particulière sur ses précédents projets, mais aussi sur celui de son pote mystique Gonjasufi (dont il a produit deux titres), il nous gratifie aujourd'hui d'un «Cosmogramma» des plus ambitieux.
Optant pour une direction artistique à la hauteur de son talent, Steve Ellison (de son vrai nom) a donc décidé de faire voler en éclats les carcans bien trop étroits d'un genre que l'on définit, faute de mieux, comme de l'abstract hip-hop. Petit-neveu d'Alice Coltrane, il laisse désormais parler son héritage et s'exprimer sa fibre jazz. Tout ceci étant également rendu possible par la collaboration de musiciens confirmés, comme le bassiste Stephen «Thundercat» Brune (Young Jazz Giants), le trompettiste Todd Simon, le saxophoniste Ravi Coltrane (qui n'est autre que son cousin) ou la harpiste Rebekah Raff) qui participent à l'album, Ellison se positionnant en véritable chef d'orchestre.
L'autre option majeure de ce «Cosmogramma», c'est cette volonté d'ignorer les formats classiques, les morceaux (ne dépassant pas deux minutes pour la plupart) s'imbriquent pourtant aisément les uns aux autres pour former un canevas sonore des plus cohérents. Le disque s'écoute et se savoure dans son ensemble, et il serait vain de s'évertuer à vouloir extirper une pierre de cet édifice. On s'attardera cependant tout de même sur les formats les plus longs de l'album. A commencer par le riche et complexe «... And The World laughs With You» et sa rythmique syncopée qui une fois apaisée, accueille en son sein la voix de Thom Yorke, discrète mais nous gratifiant au passage d'une jolie ritournelle mélodique. Grand fan du label Warp, le chanteur de Radiohead est l'un des deux invités vocaux du disque, Laura Darlington intervenant sur l'aquatique «Table Tennis». On retiendra également l'irréristible «Do The Astral Plane» et sa touche deep-house (école Moodyman), qui débute dans une quasi aridité pour finir arrosée de cordes. De même que le délicatement hypnotique «Satelllliiiteee», ou un «Recoiled» tantôt free-jazz tantôt battle amicale entre beats et harpe.
Flying Lotus confirme largement ici tout le bien que l'on pensait déjà de lui, en enrichissant qui plus est sa palette de nouvelles nuances jazzy, ce qui devrait d'ailleurs lui faire rencontrer une audience élargie. Et Warp peut (une nouvelle fois) se targuer d'avoir repéré et signé ce prodige, qui peut être considéré comme le DJ Shadow du XXIème siècle.
Cédric B
8/10Sortie prévue le 03/05/10
(Warp/Discograph/Wagram)
http://www.flying-lotus.com/
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Jolie chronique ! Perso, j'ai vraiment aimé le disque. J'aurais peut-être mis 8.5 du coup... Hehe
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