mardi 13 juillet 2010

THE DIVINE COMEDY Bang Goes The Knighthood

Quelle que soit la saison ou l'humeur du moment, on retrouve souvent avec ravissement une nouvelle aventure de The Divine Comedy, sans forcément s'y précipiter mais en succombant généralement à la grâce ambiante. Neil Hannon, tête pensante (mais également auteur-compositeur et interprète) de ce monument de pop élégante et orchestrée, a sorti fin mai son dixième album, un an après celui du projet parallèle The Duckworth Lewis Method (un curieux concept-album consacré au cricket).

En toute franchise, j'ai n'ai pour ma part pris le train en marche qu'assez tardivement, à partir de 2004 et Absent Friends. La pop de l'irlandais était certainement trop classieuse et délicate au milieu des années 90 pour des oreilles qui préféraient alors les expérimentations des savants fous de Bristol ou ceux d'une bande de ninjas armés de shuriken vocaux en provenance de Staten Island.

Down in the Street Below figure une parfaite entrée en matière, nous ouvrant les portes de la demeure de Lord Hannon, avant qu'un vent de cordes ne s'engouffre par une fenêtre entr'ouverte. The Complete Banker, dont le refrain se décline sur une note enjouée, brosse ensuite un portrait au vitriol d'un trader britannique, et, à travers lui, se paie l'ultra-libéralisme anglais au passage. Des morceaux comme l'estival Neapolitan Girl ou l'insouciant At The Indie Disco peuvent être rangés de même dans cette catégorie, alors que c'est sur Broadway qu'il nous invite sur Can You Stand Upon One Leg. Mais c'est dès lors qu'il investit la gravité que notre crooner brille davantage. Le titre éponyme de l'abum diffuse ainsi une somptueuse mélancolie, tout comme le poignant When A Man Cries arracherait quelques larmes au plus coriace des hooligans. Au coeur du disque, les sixties sont convoquées sur le beau Have You Ever Been In Love ?, une chanson que n'aurait sûrement pas reniée Frank Sinatra.

Neil Hannon a bâti au fil des années un univers aussi personnel qu'universel, qu'il a patiemment su consolider et renouveler. Ce Bang Goes The Knighthood fait la part belle, plus qu'à l'accoutumée, à une certaine forme de légèreté, matinée d'un sens accru de la dérision, à l'image de sa pochette. Il est ce chroniqueur urbain, conteur moderne affuté, ce dandy gardien de valeurs qui se meurent (The Lost Art Of Conversation), dans la lignée du grand Scott Walker dont il est le digne héritier. L'irlandais, très attaché à la France qui d'ailleurs le lui rend bien, propose par ailleurs en bonus un disque de reprises de chansons françaises enregistrées en 2008 lors d'un concert à la Cité de la Musique.
Cédric B
7,5/10




Paru le 31/05/10
(Divine Comedy Records/PIAS)

http://www.thedivinecomedy.com
http://www.myspace.com/thedivinecomedy

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Deux morceaux de Bang Goes The Knighthood en écoute dans le lecteur

2 commentaires:

  1. Un vrai plaisir que ce dernier opus d'Hannon qui renoue avec la verdeur de ses débuts mais les arrangements sont bien plus subtils et le disque est gracieux et cohérent de bout en bout.
    J'ose même avancer que Neil réussit ici à rivaliser avec des pointures de l'American et British song-book tels que Cole Porter ou Irving Berlin.
    En tout cas, merci Bernard Lenoir d'Inter (chez lequel j'ai gagné un exemplaire gratuit du disque, oui, oui !) car le livret vaut aussi le détour...

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  2. Cherry sur le cake, en concert à l'Autre Canal Nancy le 24 September !

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