Les diamants sont éternels. Difficile d'en apercevoir l'éclat avec ce "'I'm New here" dans le torrent de noirceur qui le constitue, premier brulot balancé depuis quinze ans par le Unsung Hero, Gil Scott-Heron. S'il fallait définir l'artiste en un mot, "force" aurait été celui qui lui siérait le mieux. S'il fallait définir l'homme, force est de constater (sans jeu de mots) qu'il s'agit de "vulnérabilité" aujourd'hui. Et c'est bien à un album de "l'homme" Heron que nous avons à faire aujourd'hui.
C'est au cours de ces seules vingt-huit minutes que, pour la première fois de sa carrière, l'artiste de Chicago nous aura finalement dévoilé une façade qu'on ne lui connaissait peu ou prou. Black Panther dans l'âme, activiste dans l'acte, il aura construit sa vie autour de valeurs promptes à valoriser sa condition d'afro-américain face à une société castratrice, par définition. "Pieces of a man" ou "The Revolution Will Not Be Televised" faisaient alors montre d'une puissance sonique et lyrique affolante de par leur capacité à entrevoir les épaules solides que pouvait constituer un artiste black aux États-unis qui ne laissait alors pas la violence submerger son propos. Oui, sa force pouvait tenir dans la puissance d'un seul mot scandé. Unilatéral et implacable. Et avec lui de construire les ébauches de la musique "écrite" US telle que nous la connaissons. De Common à TV On The Radio, tous lui doivent cette impartialité du mot face au son. Avec ce nouvel opus, enfanté dans la douleur (Heron refusant pendant de nombreuses années de retourner en studio car pensant n'avoir plus grand chose à dire, associé au fait que sa voix sublime l'ait quitté et aux rudes années d'incarcération qui précédèrent les demandes répétées de Richard Russel...), le poète se met en danger et se livre. Comme pour mieux recommencer, comme pour mieux naitre, en écho aux morceaux d'intro/outro intitulés "On Coming From A Broken Home (Part 1&2)", déchirants de sincérité brute de décoffrage.
Le fait alors de le voir réapparaitre aujourd'hui sur un label comme XL tend à prouver les failles que veut bien laisser transparaitre Gil Scott-Heron. L'influence de Russel à la production est flagrante. Presque entêtée, dans sa façon de vouloir imposer, un morceau sur deux, de l'électronique quand, par nature, Scott aurait laissé couler sa voix sur un simple tam-tam. Tenter la prise de risque, tenter d'aborder des sentiers musicaux inédits. Quitte à perdre la face, quitte à se fourvoyer. Car le fan de base du bonhomme risque fort d'être interloqué par la production de l'ensemble. Grand mal lui en fasse. Nous sommes loin de la soul 70's et ses productions jazzy. Et la sauce prend comme rarement. Ainsi, un titre comme "Me and The Devil" de s'imposer comme l'une des chansons les plus fortes sensitivement de ces dernières années. Le beat est gras, chargé en puissance mais épuré, pour mieux laisser exploser ce timbre ravageur qu'est devenue la voix de Gil Scott-Heron. Les envolées lyriques elles aussi sont ténues, laissant la place à ces fameux Spoken Word maintenant rauques (le darkissime «The Crutch»), aux intonations rudes comme des coups de marteau. L'enrobage se veut âpre. Au diapason du verbe. C'est là toute la grande réussite de ce disque que de faire valdinguer les sens de l'auditeur. Tantôt moderne et métallique. Tantôt vide et obsédant, un simple handclap comme métronome. Le fond, lui, reste noir comme les ténèbres.
Ce retour en grâce ne cherche pas à faufiler une émotion artificielle dans nos esgourdes. Ce disque ne fait que conter, au gré des rimes et du tempo, l'âme d'un artiste qui ne fait que se dévoiler, enfin. Un soixantenaire du mot juste et de l'épure qui ne sait se défaire de ses démons. Et de voir là la douce ironie que le premier disque majeur de cette décennie fut engendré par le chantre de la révolution seventies rend son écoute d'autant plus primordiale. A l'heure des autobiographies discographiques anté-funéraires de musiciens en manque de vécu, cet album sonne comme le début d'une nouvelle boucle, celle de la sincérité la plus sibylline et lumineuse qui soit.
C'est au cours de ces seules vingt-huit minutes que, pour la première fois de sa carrière, l'artiste de Chicago nous aura finalement dévoilé une façade qu'on ne lui connaissait peu ou prou. Black Panther dans l'âme, activiste dans l'acte, il aura construit sa vie autour de valeurs promptes à valoriser sa condition d'afro-américain face à une société castratrice, par définition. "Pieces of a man" ou "The Revolution Will Not Be Televised" faisaient alors montre d'une puissance sonique et lyrique affolante de par leur capacité à entrevoir les épaules solides que pouvait constituer un artiste black aux États-unis qui ne laissait alors pas la violence submerger son propos. Oui, sa force pouvait tenir dans la puissance d'un seul mot scandé. Unilatéral et implacable. Et avec lui de construire les ébauches de la musique "écrite" US telle que nous la connaissons. De Common à TV On The Radio, tous lui doivent cette impartialité du mot face au son. Avec ce nouvel opus, enfanté dans la douleur (Heron refusant pendant de nombreuses années de retourner en studio car pensant n'avoir plus grand chose à dire, associé au fait que sa voix sublime l'ait quitté et aux rudes années d'incarcération qui précédèrent les demandes répétées de Richard Russel...), le poète se met en danger et se livre. Comme pour mieux recommencer, comme pour mieux naitre, en écho aux morceaux d'intro/outro intitulés "On Coming From A Broken Home (Part 1&2)", déchirants de sincérité brute de décoffrage.
Le fait alors de le voir réapparaitre aujourd'hui sur un label comme XL tend à prouver les failles que veut bien laisser transparaitre Gil Scott-Heron. L'influence de Russel à la production est flagrante. Presque entêtée, dans sa façon de vouloir imposer, un morceau sur deux, de l'électronique quand, par nature, Scott aurait laissé couler sa voix sur un simple tam-tam. Tenter la prise de risque, tenter d'aborder des sentiers musicaux inédits. Quitte à perdre la face, quitte à se fourvoyer. Car le fan de base du bonhomme risque fort d'être interloqué par la production de l'ensemble. Grand mal lui en fasse. Nous sommes loin de la soul 70's et ses productions jazzy. Et la sauce prend comme rarement. Ainsi, un titre comme "Me and The Devil" de s'imposer comme l'une des chansons les plus fortes sensitivement de ces dernières années. Le beat est gras, chargé en puissance mais épuré, pour mieux laisser exploser ce timbre ravageur qu'est devenue la voix de Gil Scott-Heron. Les envolées lyriques elles aussi sont ténues, laissant la place à ces fameux Spoken Word maintenant rauques (le darkissime «The Crutch»), aux intonations rudes comme des coups de marteau. L'enrobage se veut âpre. Au diapason du verbe. C'est là toute la grande réussite de ce disque que de faire valdinguer les sens de l'auditeur. Tantôt moderne et métallique. Tantôt vide et obsédant, un simple handclap comme métronome. Le fond, lui, reste noir comme les ténèbres.
Ce retour en grâce ne cherche pas à faufiler une émotion artificielle dans nos esgourdes. Ce disque ne fait que conter, au gré des rimes et du tempo, l'âme d'un artiste qui ne fait que se dévoiler, enfin. Un soixantenaire du mot juste et de l'épure qui ne sait se défaire de ses démons. Et de voir là la douce ironie que le premier disque majeur de cette décennie fut engendré par le chantre de la révolution seventies rend son écoute d'autant plus primordiale. A l'heure des autobiographies discographiques anté-funéraires de musiciens en manque de vécu, cet album sonne comme le début d'une nouvelle boucle, celle de la sincérité la plus sibylline et lumineuse qui soit.
Tarik
Paru le 09/02/10
(XL/Naive)
http://gilscottheron.net/
http://www.myspace.com/revolutionwillnotbetelevised
Deux morceaux en écoute dans le lecteur
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