jeudi 4 mars 2010

GONJASUFI A Sufi and a Killer


La politique de l'ouverture est une pratique en vogue du côté des labels anglais. Warp fut d'ailleurs un des précurseurs en la matière, lançant en 2001 une branche electro hip-hop pourtant aujourd'hui quelque peu en sommeil (Lex Records). Mais c'est sur d'autres terres que ce mythique label va désormais chasser, notamment celles des musiques tribales (Gang Gang Dance) et ethniques. Ils ont peut-être à ce sujet trouvé la perle rare en la personne de l'américain Gonjasufi, leur dernière signature.

Derrière ce pseudo mystérieux et exotique se cache Sumach Ecks, un rasta lunaire, croisement improbable entre Devendra Banhart, le moine Raspoutine et le fantôme de Ol' Dirty Bastard. C'est Steve Ellison (aka Flying Lotus) qui est allé le chercher dans sa caravane perdue au milieu du désert Mojave dans l'état du Nevada, là où il vit, pour le ramener à Los Angeles et produire avec sa clique de potes (Mainframe et The Gaslamp Killer) son premier album, «A Sufi and a Killer».

Ce voyage musical proposé, proche du trip chamanique, est un véritable OVNI psychédélique sonore. On y plonge dès l'intro, et «Kobwebz» nous met d'emblée au parfum, l'atmosphère est nébuleuse, l'ambiance indienne (cithares), le son cradingue et la voix lointaine. La production se fait plus propre, plus électronique sur «Ancestors», sur laquelle on reconnaît aisément la touche du compère Flying Lotus. C'est également le cas sur «Holidays», sorti en maxi. Les ambiances sont extrêmement variées, naviguant entre rap, musiques orientales («Klowds»), folk délicat et voix féminines à la sauce pop 60's («Sheep»), soul ou G-funk («Change» et «Candylane»). «Kowboys And Indians» (également sorti en maxi) avec son chant de gitane enflammée est sans conteste un des sommets de ce disque, où il s'avère en fait plutôt délicat de faire des choix, tant transparait une cohésion de ce magma harmonieux.
Le guide mystique a pour lui une arme imparable : sa voix. Elle se fait plaintive et traînarde, nous rappelant alors de manière évidente ce timbre si particulier propre à Ol' Dirty Bastard («She Gone» ou «Stardustin»), mais aussi douce, claire et mélodieuse («Dust» ou «Holidays»), cousine alors des climats chers à Dudley Perkins (le double soul du rappeur Declaime).

Sous de faux airs bricolés de fourre-tout artisanal, un pied coincé dans un rêve, on tient ici un grand disque, diablement attachant, qui doit certainement contenir des substances addictives, le besoin d'y revenir sans cesse tendant à l'obsession. Est-il éxageré ou prématuré d'évoquer l'impact du «Maxinquaye» de Tricky? Le temps parlera pour lui.
Cédric B
8/10



Sortie prévue le 08/03/10
(Warp/Discograph)

http://www.sufisays.com/
http://www.myspace.com/gonjasufi

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Deux morceaux en écoute en bas du lecteur

4 commentaires:

  1. holidays a rejoint odessa de caribou dans mes morceaux preférés de fevrier

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  2. Album original soit, mais trop tôt encore pour moi pour le consacrer comme un grand disque. Peut-être tout simplement pas mon style ...

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  3. @Minisushi : caribou! bien mieux que les compils relaxation et détente... ;-)

    @Vincent: j'avoue m'être un peu emporté, mais ce disque me rend actuellement accro...

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  4. J'adore !
    Au passage : vraiment top ton blog ;-)

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