mardi 31 août 2010

VILLAGERS Becoming a Jackal

Voici un disque qui va être difficile à ignorer cette année. Sorti au printemps, j'y avais alors jeté une oreille furtive mais attentive, le mettant précieusement de côté. Car dès l'instant où l'on s'y plonge véritablement, il devient quasi impossible de ne pas y revenir. Jeune multi-instrumentiste surdoué, Conor O'Brien (émancipé de son ex-groupe The Immediate) est en réalité seul aux commandes de ces Villagers. Il devient par là même le premier irlandais signé par l'omniprésent et incontournable label anglais Domino Records.

Du premier extrait éponyme de l'album nait un choc. Becoming a Jackal appartient en effet à la catégorie des classiques instantannés, cette caste privilegiée de chansons qui s'imprime durablement dans l'inconscient, et ce dès la première écoute. Simplicité et pureté au service d'un refrain lumineux. En ouverture, I Saw The Dead dessine les contours d'une pop élégante et hantée, dont la noirceur des textes tranche radicalement avec l'éclat qui s'en dégage. Piano et cordes s'y cotoient à travers des arrangements d'orfèvre. Une tension latente louvoie d'un bout à l'autre de l'album, Conor O'Brien ne cherchant jamais vraiment à la dissimuler, l'assumant même assez fièrement, mais tout en nous préservant à l'aide d'harmonies riches et variées. Un certain lyrisme de dévoile sur le poignant The Meaning of the Ritual, et surtout sur le magnifique That Day. Quelques choeurs 60's appuient discrètement Home, et le dernier tiers du disque (exception faite d'un Pieces plutôt tourmenté) se veut plus léger (Set The Tigers Free) et plus folk, sous parrainage Simon & Garfunkel (The Pact).

La comparaison avec Neil Hannon est fréquente, de par la nature des projets respectifs et surtout leurs origines irlandaises, mais elle est peu évidente musicalement parlant. Quoiqu'il en soit, Conor O'Brien parvient ici à atteindre une grâce mélodique rare qui, mariée à de brillants arrangements, font déjà de ce premier essai un véritable coup de maître.
Cédric B
8/10

Paru le 31/05/10
(Domino/PIAS)

http://www.wearevillagers.com/
http://www.wearevillagers.com/



Chroniques à lire également sur Esprits critiques, Des Oreilles Dans Babylone et Sound Of Violence

1 commentaire:

  1. Complètement d'accord : j'avais aussi jugé hâtivement son album au p'tit O' Brien et l'avais trouvé à la fois brillant et inégal, parfois un peu grandiloquent (Ship of Promises et son cri du loup sur Pieces).
    Mais un futur grand song-writer est né, c'est sûr (Becoming A Jackal, Home, Twenty-Seven Strangers, The Meaning of Ritual) au chant souple, expressif et hyper-précis : il faut le voir chanter dans la rue avec une rare maîtrise captée par le hiboo.com (visible sur son site, page vidéos) sans oublier son splendide inédit "On A Sunlit Stage" dispo en téléchargement sur son site itou...
    Devrait figurer dans la liste des albums 2010 sans peine.

    RépondreSupprimer