Lorsqu'en 2005 parait le premier album de James Murphy (tête pensante du projet LCD Soundsystem, producteur émerite et co-fondateur de l'influent label DFA Records), qui contient des tubes interplanétaires comme Losing My Edge ou Yeah (sortis précédemment en single), celui-ci fait l'effet d'une bombe. Le New-York post-11 septembre se reconstruit ici et maintenant sur les cendres de son glorieux passé et de sa riche histoire musicale. Téléscopage entre punk et electro-disco, la musique de LCD Soundsystem repose sur une posture permanente d'hommage, mi-respectueuse mi-ironique (Losing My Edge ou Daft Punk is playing at my house et son name-drapping chargé). Le bonhomme connait la musique, «he's got a plan» comme on dirait outre-Atlantique, et il semble bien décidé à nous faire partager cet amour à travers une communion hédoniste.
Sound Of Silver confirme en 2007 en grande partie les espoirs placés en lui, avec même cette fois en bonus une petite larme versée (New-York I love you but you're bringing me down) et un morceau phénomènal (Someone Great). Aujourd'hui l'heure est venue pour James Murphy de clore ce qui s'annonce donc comme une trilogie, avec ce This Is Happening. Et à force de placer le new-yorkais sur un piédestal, ce dont je me suis souvent gardé, la déception finit forcément par être au rendez-vous. Non pas que ce troisième opus soit mauvais, mais tout simplement trop prévisible. La recette demeure la même, et le bas blesse lorsque les morceaux s'étirent un peu trop sur la durée, atteignant parfois les neuf minutes. C'est le cas sur le parfois poussif Pow Pow, tandis que notre nounours au sang irlandais se met à chanter comme Bono sur All I Want, qui débute pourtant comme du Sonic Youth. L'explosif Dance Yrself Clean, construit sur une pure rythmique maison, fait par contre son petit effet en ouverture. Le single Drunk Girls, quant à lui totalement calqué sur le White Light/White Heat du Velvet Underground, constitue en réalité le maillon faible du disque, alors que l'on s'ennuie gentillement sur I Can Change, Somebody's Calling Me ou Home. Mais This Is Happening possède heureusement également des vertus, à l'image du jouissif et très electro One Touch, qui sonne comme du Kraftwerk sous amphétamines, ou du glam-dance You Wanted A Hit, où l'on jurerait entendre la voix de Kevin Barnes de Of Montreal.
Un troisième volet donc en-dessous des deux précédentes livraisons, mais on aurait peut-être tort de faire la fine-bouche. Car le bougre possède les qualités de ses défauts, et l'aspect répétitif qui agace parfois sur disque est la base même de ses ahurissantes prestations scéniques, qui plongent immanquablement le public dans des états proches de ceux de la transe. A ce sujet, le concert donné à Luxembourg le 7 mai fut du même acabit que celui du lendemain au Bataclan (voir l'excellent billet sur Chroniques électroniques). Et même si en 2010, James Murphy n'est plus forcément le faiseur de tendances qu'on a connu cinq ans auparavant, il serait judicieux de considérer la trilogie dans son ensemble, ce qui n'en fera rien de moins qu'un des temps forts de ce début de siècle musicalement parlant.
Cédric B
6/10Sortie le 17/05/10
(DFA Records/EMI)
lcdsoundsystem
myspace
A lire également à ce sujet:
Chroniques électroniques
Deux morceaux de This Is happening en écoute dans lecteur (en bas)
Tu as vu que Pitchfork lui mettait 9,2 !!! :)
RépondreSupprimerNon, mais à vrai dire je regarde de moins en moins Pitchfork... ;-)
RépondreSupprimerEh oui mon cher Tarik, ils deviennent prévisibles à mort, et leur "musicalement correct" maison a tendance à parfois me courir sur le haricot...
RépondreSupprimerAh les gouts et les couleurs... A l'inverse de toi je trouve cette album plutôt réussi. Certes les morceaux sont long mais c'est un peu la marque de fabrique de Murphy. Tu sites Bono, je siterais Bowie, tu kiffes Dance Yrslf clean un ami à moi trouve ce titre mou du genou, moi je trouve qu'il met en condition snas plus...
RépondreSupprimerAu final, j'ai aimé l'idée qu'il n'ai pas éssayé de refaire le disco punk (usé jusqu'a la moelle) de ses premiers albums. Une des meilleurs sortie de l'année assurément.