mercredi 19 mai 2010

ROKY ERICKSON with OKKERVIL RIVER True Love Cast Out All Evil


Et si l’on essayait de trouver une explication rationnelle à l’existence même du prénom Roky. Imaginons la scène dans une maternité d’Austin en 1947 «Chéri, et si on l’appelait Johnny»,
«mais non voyons ca sera Roky ». On pourrait facilement imaginer un vibrant hommage au virevoltant étalon italien au short satiné ou bien, en se tirant les cheveux, au seul chien de chasse coquin de la planète Disney qui en pinçait physiquement pour un renardeau orphelin… Que nenni leur sortie sur grand écran, respectivement en 74 et 81 fait exploser notre hypothèse en plein vol, et Roky de n’être que banalement la contraction de Roger et Kynard.

Au lieu de se lancer dans l’élevage de bêtes à cornes, notre beau et sexy Roky de l’époque trouva plus agréable de se déconnecter de la réalité en ingurgitant tous les psychotropes à disposition (Du champignon de Paris macéré dans du LSD à la truffe arrosé d’un soupçon de détergent ménager) et de raconter ses folles visions au sein du 13th floor elevator dès 1966. S’en suivirent deux grands disques, des séjours réguliers en institution psychiatrique, des conversations post mortem avec Buddy Holly, des partouzes sataniques avec E.T et Roswell laissant dubitatif Fox Mulder, et surtout des apparitions scéniques faisant passer les prestations médicamenteuses de Jethro Tull et Jefferson Airplane pour des goûters anniversaires avec Lucy non plus dans le ciel mais dans la piscine gonflable. Les années 70 et 80 fûrent constellées de plusieurs disques carrément géniaux ou très anecdotiques selon l’état dans lequel l’écoute se faisait et cette présence parcimonieuse, avec les Aliens ou en solo, lui permettra de surveiller de près sa ribambelle de furieux héritiers déjà bien gavés de Sonics, de Radio Birdman à Hellacopters plus récemment. Sans nouvelle de lui depuis 1996, voici le cowboy sans monture de retour, la bonne bouille des sixties ayant fait place à une tronche de Robert Wyatt passé à tabac.

Un come back effectué de bien élégante manière, avec un excellent album, True Love Cast Out All Evil, et accompagné pour cela des également texans Okkervil River, l’un des groupes folk américain les plus classieux et excitant (pour ne pas dire bandant) de ce nouveau siècle. On entre dans ce disque comme on saluerait obséquieusement un vieillard dans un hospice et boirait respectueusement ses sages paroles empreintes des douleurs passées tout en rêvant de whisky et de haricots rouges au coin du feu. Nonobstant cette présence mystique, l’infirmier en chef Will Shelf et son équipe restent eux même face à ce vieux canasson blessé et leurs instruments viennent parfaitement escorter la verve bucolique de Roky, faisant flirter cet album avec les grands espaces de Kris Kristofferson ou Townes Van Zandt.

L’homme qui nous avait dépucelé férocement les oreilles en 1966 avec You’re gonna miss me nous caresse maintenant les lobes, en toute amitié. Devant une telle réussite, on se surprend à rêver d’autres mariages improbables, Syd Barrett accompagné par Calexico ou Daniel Johnston jonglant sur les partitions des Walkmen…. mais sans les haricots rouges pour éviter tout ballonnement.
Trashyshooper
Paru le 26/04/10
(Chemikal Underground/PIAS)



http://www.rokyerickson.net/
http://www.myspace.com/rokyerickson
http://www.okkervilriver.com/
http://www.myspace.com/okkervilriver

3 commentaires:

  1. La patte Okkervil River vient bien consolider le tout. Bon disque.

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  2. Euh, Syd Barrett n'est plus de son monde, malheureusement :-(

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  3. c'est pour cela que c'était un rêve...

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