dimanche 9 mai 2010

FOALS Total Life Forever

Leur premier excellent album, Antidotes, propulsait d'emblée Foals dans la catégorie des groupes qui comptent et qui vont certainement compter à l'avenir, aux côtés de Bloc Party ou de The Klaxons. Tout laisse à croire qu'avec ce second essai, le groupe britannique, qui a pourtant pris ici un chemin bien différent, sait pertinemment ce qu'il veut et vers quoi il se dirige.

Emmenés par leur chanteur et guitariste Yannis Philippakis, aux origines grecques et à la personnalité marquée, le groupe eut il y a deux ans l'outrecuidance d'éconduire Dave Sitek (producteur influent et membre éminent de TV On The Radio), coupable d'un mixage guère à leur goût et qui fut au final retravaillé à leur manière. Gorgé de post-punk (avec ses cuivres no-wave), sous influence Gang Of Four et Talking Heads, peut-être un peu rapidemment affilié à la scène math-rock, ce disque se démarquait alors assez nettement de la concurrence, planant très au-dessus d'une mêlée de plagieurs en manque d'inspiration comme peut en générer l'Angleterre chaque année.

De son côté, Total Life Forever se dévoile bien moins frontalement que son prédécesseur. L'impact est un brin retardé, car tout y est plus insinueux. L'énergie se fait plus contenue, comme tapie dans l'ombre, mais finit tout de même par jaillir au détour d'un couplet. Foals semble désormais determiné à mettre son talent et son inspiration au service d'une écriture plus pop. Il s'agit là d'ailleurs moins d'une démarche opportuniste que d'un processus salvateur de renouvellement. Spanish Sahara nous avait déjà donné il y a quelques semaines un avant-goût de cette nouvelle orientation, cette longue plage illustrant parfaitement ce besoin de laisser le morceau mûrir, la mélodie quasi nue du début finissant dans un tourbillon, comme propulsée par une vague que rien ne semble pouvoir arrêter. C'est un vent de shoegazing qui souffle dans ce désert-là. Cette notion de progression et d'évolution est également au coeur de After Glow. Les parties plus rythmiques ne sont pas totalement délaissées pour autant, comme le prouvent Blue Blood ou This Orient, mais la bande d'Oxford se distingue dorénavant davantage sur des titres plus atmosphériques, comme 2 Trees ou Black Gold, par ailleurs particulièrement réussis. D'autre part, le groovy et attachant Miami tire aussi ici son épingle du jeu.

Pour des groupes exigeants comme Foals ou MGMT dernièrement, le virage du second album (à l'enjeu bien connu) n'a aujourd'hui pas d'autre alternative que de se négocier au frein à main. Les anglais ont de leur côté choisi de délaisser les rivages du math-rock pour ceux moins sinueux de la pop, une pop en l'occurence érudite et ambitieuse. Une démarche courageuse pour un disque qui se mérite.
Cédric B
7,5/10



Sortie prévue le 10/05/10
(Transgressive/WEA)

http://www.foals.co.uk/entry/
http://www.myspace.com/foals

Foals "Spanish Sahara" from Sub Pop Records on Vimeo.



Deux morceaux de Total Life Forever en écoute dans le lecteur

4 commentaires:

  1. J'en parle demain sur PS mais cet album est une énorme déception pour moi. Peu d'émotion et une tension bien moindre.

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  2. Très différent du précédent (que j'adorais) il est vrai, on n'y retrouve plus cette tension dont tu parles.
    Ca n'est pas un grand disque certes, mais je trouve leur évolution plutôt intéressante...

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  3. Album très très attendu pour ma part, après la claque du premier. Je n'ai pas encore eu l'occasion d'écouter ce nouvel opus, mais ce sera bientôt chose faite.
    Ils passent aux Eurocks, non ?

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  4. @Aurélien: on en reparle bientôt alors...
    Et ils passent bien aux Eurocks effectivement.

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