vendredi 21 mai 2010

JOHN GRANT Queen Of Denmark

Des Czars, on avait vaguement entendu parlé, mais il faut admettre que l'on n'en savait en réalité pas grand chose. Groupe originaire de Denver, ils ont enregistré six albums sur l'excellent label Bella Union entre 1994 et 2004, année au cours de laquelle cinq membres du groupe le quittèrent pour laisser seul aux commandes son leader John Grant. Lorsque l'on apprend que ce dernier fut cordialement invité par les musiciens de Midlake à enregistrer avec eux son premier album solo dans leur studio à Denton, il devient quasi-impossible de ne pas s'intéresser à la rencontre.

C'est d'ailleurs un véritable petit miracle qui se produit sous nos yeux. Le songwriting gracieux de John Grant, et sa voix lumineuse et apaisée, se marie à merveille aux arrangements raffinés des texans. Loin des ténèbres de leur au demeurant sublime The Courage Of Others, ces derniers brassent ici une palette plus riche et plus variée de sonorités, utilisant pour cela davantage d'instruments. Cette démarche est mise au service d'un disque gorgé d'espoir, qui brille de toutes parts. La voix de John Grant se glisse insolemment dans différentes peaux. Elle se fait d'emblée chaleureuse et irrésistible sur TC And Honeybear, escortée par des choeurs féminins célestes. Plus grave sur Where The Dreams Got To Die, où, accompagnée d'un piano, elle devient alors bouleversante, sur ce qui constitue l'un des joyaux de l'album. Plus claire, proche d'un Antony Hegarty sur le déchirant Caramel, où le piano se fait ici épauler par d'étranges claviers aux sonorités spatiales. La touche brit-folk (et ses flûtes 60's) de Midlake se fait ressentir sur I Wanna Go To Marz, tandis que le capitaine John Grant multiplie les changements de cap, juste pour le plaisir, avec un bonheur non dissimulé qui confère souvent à l'état de grâce. Plus loin, l'enjoué Chicken Bones fait place à un Silver Platter Club que n'aurait certainement pas renié les Beatles. Issu d'une famille religieuse et hyper conservatrice, il aborde enfin le sujet de l'homosexualité avec un brin de revanche et beaucoup d'humour sur JC Hates Faggots.

Le Texas, essentiellement à travers ses villes dites alternatives comme Austin ou Denton, bouillonne depuis quelques temps d'une énergie créatrice, et devient également le témoin privilegié de renaissances diverses. Après que Okkervil River ait contribué à remettre le pied à l'étrier à ce miraculé de Roky Erickson, c'est, toutes proportions gardées, au tour de Midlake de remettre en selle un immense chanteur en déroute, en la personne de John Grant. Ce dernier, qui évoque par instants, de par sa maturité et sa classe, l'anglais Richard Hawley, nous offre ici un magnifique disque sorti de nulle part, une de ces délicieuses surprises bouleversant nos carnets de routes.
Cédric B
8/10



Sortie le 26/04/10
(Bella Union/Cooperative Music/PIAS)

http://www.myspace.com/johnwilliamgrant

Trois morceaux de Queen Of Denmark en écoute dans le lecteur (en bas de la liste)

2 commentaires:

  1. une merveille ! déjà un des disques de 2010 !

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  2. Je ne peux qu'être d'accord, même si Cédric et Benoît l'ont déja dit : triste et beau, simple et lumineux, c'est l'ovni musical de ce printemps qui restera longtemps dans les oreilles...

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