jeudi 25 mars 2010

AUTECHRE Oversteps


Dixième album du séminal duo de Sheffield (composé de Rob Brown et Sean Booth), véritable pilier d'un label (Warp) qui n'en finit pas de confirmer tout en se ré-inventant. Les anglais qui, faut-il le rappeler, influencèrent très largement le virage électronique d'un certain Thom Yorke et des siens, poursuivent leurs recherches, et continuent de développer un univers qui leur est propre, d'après un language (les titres des morceaux) et des schémas si personnels que quiconque n'est encore réellement parvenu à les décoder.

Il semblerait pourtant que leurs compositions soient devenues légèrement plus accessibles sur ce «Oversteps», si tant est que l'on puisse utiliser ici ce terme . Lorsque «r ess» ouvre sereinement l'album sur une rythmique à contre-temps, «ilanders» voit de son côté une mélodie tenter de se frayer un chemin au milieu d'un climat plutôt hostile, truffé de bleeps rageurs. Sortant indemnes de cette première épreuve, on fait alors connaissance (sans pouvoir s'en remettre) avec le choc de ce disque, «known(1)», effrayant et addictif à la fois. Un titre énigmatique de plus, qui inventerait la musique baroque du XXIème siècle, basée sur des clavecins multidimensionnels. Au coeur de cette cathédrâle électronique, une chaleur organique jaillit d'une structure froide et métallique. Si «pt2ph8» et «see on see», deux ballades en apesanteur, nous évoquent l'imaginaire de Boards Of Canada, «Treale», autre sommet, gambade quant à lui sur des terres presque familières. Modelé sur un beat electro hip-hop quasi identifiable, il devient une balise rassurante. Comme pour mieux contredire nos naïfs espoirs, «see on see» jouera alors le rôle du double maléfique, avec sa rythmique squelettique qui n'a de cesse de fuir et se dérober. Plus loin, les terres redeviennent plus arides («st epreo» ou «redfall»), pendant qu'une bataille de bleeps à l'ancienne fait rage ("qplay" sous le parrainage de Saint Aphex), et que des cloches intergalactiques résonnent («O=0»).

Hostile, insaisissable voire atonale, la musique d'Autechre vit parfois cachée, comme recouverte d'un vernis opaque et austère. Définie comme «intelligente», elle n'est jamais acquise et se mérite, et vaut bien qu'on outrepasse nos confortables habitudes auditives .
Cédric B

7,5/10

Paru le 22/03/10
(Warp/Discograph)

http://www.autechre.ws/
http://www.myspace.com/myslb

A lire également sur:
chroniques-electroniques et playlistsociety

Deux morceaux en écoute dans le lecteur

4 commentaires:

  1. Bonne chronique sur un groupe insaisissable sur lequel il n'est pas facile de place des mots.

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  2. (Ah oui et merci pour le Backlink^^)

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  3. Salut !
    Ton blog est super intéressant. As-tu une adresse e-mail à laquelle on peut t'écrire ?

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  4. @Benjamin: merci Benjamin.
    J'ai lu ta chronique de MGMT, et je n'y ai pas trouvé ton côté tranchant habituel. Je comprends que tu aies voulu te positionner rapidemment (un peu trop?), mais pour ma part je vais attendre un peu...

    @Thomas: merci beaucoup. Je vais créer un contact pour le blog, je te tiens au courant.

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